Mon père m’a envoyé un SMS il y a deux semaines :
« Chronique sur France Info ce matin sur le « prompt engineering » : un profil dans cette spécialité est payé en France jusqu’à 350.000€ / an soit presque 30.000€/mois. Beaucoup d’entreprises s’arrachent ces profils très rares … »
30.000€ par mois.
Ça fait tiquer, n’est ce pas ?
Donc j’ai investigué pour vous.
- Qu’est ce qu’un prompt engineer ?
- Quel est le salaire d’un prompt engineer ?
- D’où vient ce chiffre de 30.000€ par mois ?
- Est-ce un job qui a de l’avenir ?
- Quels sont des exemples de missions ?
Dans moins de 7 minutes, vous aurez la réponse à ces questions, basées sur mon expérience et mes recherches.
Que fait un prompt engineer ?
Anne Bernstein est une prompt engineer de 29 ans travaillant chez Copy.ai à New York.
Son but ?
Faire en sorte que l’IA rédige des billets de blogs ou un email de vente avec le ton approprié et des informations précises.
Pas besoin d’écrire de code technique pour le faire, elle tape plutôt les instructions du modèle d’IA pour aider à affiner les réponses.
Anna Berstein a étudié l’anglais à l’université. Elle était auparavant rédactrice et assistante de recherche avant de devenir prompt engineer.
En d’autres mots, elle n’avait pas de formation technologique. Plutôt une formation en sciences humaines.
Anna dans un article du Times Magazine dit qu’il est mieux d’être littéraire car il s’agit d’imiter la pensée humaine.
Pour corroborer ces propos, une étude google a démontré que dire à Chat GPT « Take a deep breath and think step by step » permet d’améliorer les résultats des prompts.
Marrant n’est ce pas ?
Allons plus loin, d’où vient ce chiffre annoncé par France Info et mon cher papa ?
Prompt engineer salaire : est-il vraiment payé 335.000 € ?
Antrophic, la startup IA qui a créé claude 2 et qui est soutenue par Amazon et Google a publié une offre.
Dans celle-ci, elle offrait un salaire qui va jusqu’à 335 000 $ pour un « prompt engineer et librarian » à San Francisco. Les postulants doivent avoir un esprit de hackeur créatif et aimait résoudre des puzzles.
L’information vient donc de là.
Ce n’est pas 335.000€ mais dollars.
De plus, c’est aux USA, à San Francisco où les salaires sont BIEN PLUS élevés que chez nous en France.
Ceci dit, lisez la suite, car ça ne veut pas dire que ce travail n’a pas d’avenir.
Selon les données de Linkedin, le nombre de posts se référent à « generative ai » a augmenté de 36 par rapport à 2022. Et les intitulés de post avec GPT dedans ont augmenté de 51% entre 2021 et 2022.
Et il est clair que savoir rédiger des prompts est indispensables.
Le prompt engineer aide les entreprises à tirer le meilleur partie des modèles de langages, qui peuvent fournir des résultats incorrects ou inappropriés.
Selon le New York Times, il est trop tôt de savoir à quel point le secteur du prompt engineering va devenir « gros » mais certaines entreprises recrutent ces personnes, comme Anthropic.
Mais pas que !
Le reviewer de document automatisé Klarity offre un salaire de 230.000$ pour un ingénieur en machine learning qui peut « prompter et comprendre comment créer la meilleure sortie. » d’un outil IA.
Le Boston Children’s Hospital et l’entreprise de consulting Booz Allen Hamilton a partagé une offre d’emploi pour un prompt engineer. Le postulant doit néanmoins avoir 3 ans d’expérience dans l’implémentation des modèles de machine learning.
Enfin, l’acteur Donald Glover veut employer un prompt engineer et un prompt animateur pour son nouveau studio créatif.
Est-ce que le mot prompt engineer est la bonne description ?
Malgré le mot ingénieur dans le titre, Anna Bernstein dit qu’elle ne considère pas comme un ingénieur.
« Quand j’ai commencé, nous avons essayé d’imposer le mot « prompt specialist« . Mais le terme « prompt engineer » a désormais pris le dessus.
Comment devenir un prompt engineer ?
Rob Lennon, un expert en prompt engineering, a commencé à vendre un cours en ligne en décembre pour aider des passionnés à devenir prompt engineer.
Dans ces cours, il montre le format et la structure des prompts pour différents types de tâche.
A l’heure où je rédige ces lignes, il a formé plus de 2000 étudiants.
« Les gens demandent cette connaissance » dit Rob Lennon.
« Il y a l’avantage du premier arrivant ».
Le cours va de 150$ et va jusqu’à 3.970$ pour de l’entrainement personnalisé et une certification de cours.
Autrement dit, selon Rob Lennon, il y a de la demande et ce dernier pense que ce job a de l’avenir.
De mon côté, les articles les plus populaires de mon blog sont les suivants :
– Le guide du prompt engineering
– Comment devenir prompt engineer ?
Je constate donc aussi une demande en France.
Et pourtant :
Est-ce que le prompt engineering a de l’avenir ?
Ethan Mollick, le professeur associé à l’Université de Pennsylvanie Wharton School, pense que la hype du prompt engineering va se casser la figure. J’avais d’ailleurs rédigé un article avec les conseils en prompt engineering du professeur Ethan Mollick.
Pour lui, l’IA va devenir plus puissante.
Elle sera alors capable de générer ses propres prompts.
Par exemple, Dall E 3 est désormais intégré à Chat GPT.
Et pour l’illustration du post Linkedin promouvant une newsletter, je n’ai rien eu à faire :
Pour Ethan Mollick, le prompt engineering est un inconnue du futur de l’industrie de l’IA générative :
« Ce n’est pas clair si le prompt engineering va importer sur le long terme car les programmes IA deviennent meilleurs pour anticiper ce que les utilisateurs veulent et générer des prompts. « .
Il ajoute : » nous ne savons pas non plus s’il y a des compétences spéciales impliqués dans le prompt engineering ou si ça demande juste bcp de temps passé avec les chat bots »
De plus, Rob Lennon pense que les hauts salaires ne vont pas durer :
« Ces jobs, il y a que 500 personnes qui peuvent les faire maintenant, donc les salaires sont incroyables. » dit Lennon.
« Mais dans 6 mois, 50.000 personnes vont être capables de faire ce job. La valeur de cette connaissance va être plus grande aujourd’hui qu’elle va l’être demain »
Ethan Mollick dit que ceux qui sont intéressés par ce domaine devrait expérimenter beaucoup et créer leur propre approche pour développer des prompts, plutôt que de prendre des cours en ligne.
Il se justifie en disant que les systèmes d’IA changent si vite que les prompts qui marchent maintenant risquent de ne pas fonctionner dans le futur.
« ce dont, j’ai le plus peur, c’est que les gens pensent qu’il y a un secret magique avec les prompts » dit-il .
Pour terminer ce papier, j’aimerais te partager un exemple de mission que j’ai mené de bout en bout et qui ont fait appel à mes compétences de prompt engineering :
Exemple concret de mission de prompt engineering
Une cliente est venue me voir car elle devait rédiger 100 descriptions de villes françaises pour un ebook pour le compte d’un de ces clients dans l’immobilier.
Ce dernier voulait que le style des descriptions corresponde avec le style d’écriture de ses services de blogs.
J’avais donc la responsabilité de créer un prompt qui rédigerait une description avec des rubriques bien définies, dans le style du blog.
Pour cela, j’ai rédigé un prompt en me basant sur mes 300h de pratique de l’outil. Ce prompt permet de rédiger une description de 300 mots avec les bonnes rubriques et le bon style en ajoutant simplement le nom de la ville en entrée.
J’ai ensuite utilisé ce prompt avec l’API de Chat GPT, Google doc, Google Sheet, le tout connecté avec Make.com pour rédiger les 100 descriptions avec moins de 5 minutes d’intervention humaine.
Ma cliente a pu récupérer les 100 descriptions dans un google doc, déjà rédigées.
Bien que le résultat écrit soit basique, le processus complet a fait gagner 33h (20 minutes par description) à ma cliente.
Ma conclusion sur le salaire d’un prompt engineer
Un bon prompt engineer va plus loin que la seule rédaction de prompt.
Comme un ghostwriter va bien plus loin que la seule rédaction de post Linkedin.
Il faut écouter le client, comprendre son besoin, le transcrire sous forme de prompt ou série de prompt puis utiliser ce prompt dans un système complet permettant de faire gagner du temps, de l’argent, de l’excellence au client.
Et finalement, c’est peut être les autres compétences, paradoxalement humaines – comme l’écoute, la compréhension du business, et l’implémentation technique qui s’avèrent être les plus importantes.
Merci d’avoir lu ce papier jusqu’au bout,
Dites-moi ce que vous en pensez,
Jean-Baptiste.