Bonjour,
Je lis en ce moment “La Zone du Dehors” d’Antonio Damasio, un roman d’anticipation dystopique, où l’IA est un instrument de contrôle.
Plus tôt cette année, j’ai lu “La Fin de l’Invididu” de Gaspard Koenig, montrant comment l’IA va servir à contrôler les masses.
Enfin, pas un jour ne s’écoule sans un titre de presse à propos d’une IA qui créerait des catastrophes.
Résultat ?
L’imaginaire français est colonisé de visions négatives de l’IA.
Selon une étude récente, 82% des français n’ont jamais utilisé les IA génératives.
Si 65 % des sondés ont déjà entendu parler de cette technologie, seuls 22 % d’entre eux voient bien de quoi il s’agit.
Les français ont peur que :
- l’IA brouille les frontières entre vérité et mensonge
- l’IA réduisent les intéractions sociales authentiques
- piquent leur travail
Ces craintes sont légitimes et fondées.
Mais elles ne doivent pas occulter les bénéfices d’une telle technologie dans nos vies.
J’aimerais vous proposer aujourd’hui de voir l’IA comme un système émancipateur de l’individu.
Je rêve d’une IA qui nous révélerait à nous-même. Et nous pousserait à aller vers les autres. Passant du “je” au “nous”.
Ma théorie est la suivante :
Si nous savons ce que nous aimons et n’aimons pas,
Si nous sommes reliés les uns aux autres,
Si – ensemble – nous savons où aller,
Alors une société de contrôle sera moins facilement établie.
Car nous aurons la force de nous rebeller et de dire non.
Dans un premier temps, nous allons explorer les nouvelles capacités des grands modèles de langage comme GPT-4. Nous verrons alors en quoi ils peuvent nous aider à mieux nous connaître et à mieux apprendre. Enfin, je vous partagerai la manière de créer des chatbots poussant ses utilisateurs à créer du lien social dans la vraie vie.
1 – Les nouvelles capacités des modèles de langage
Les grands modèles de langage ne sont pas vraiment des logiciels.
Ce ne sont pas non plus des humains.
Mais mieux vaut les utiliser comme des humains (et leur dire qui ils sont) = voir principe #3 d’Ethan Mollick dans son livre Co-Intelligence.
Les IA génératives de texte comme GPT-4 sont comme des stagiaires ultra-rapides et désireux de te satisfaire… mais qui auraient tendance à enjoliver la réalité.
Loin des clichés de la science fiction,les IA conversationnelles se révèlent étonnamment « humaines ».
Elles sont créatives, pleines d’esprit, persuasives…
… mais aussi évasives et promptes à inventer des informations plausibles quand tu les presses.
- Elles imitent le langage des experts sans en avoir les compétences réelles.
- Elles génèrent des histoires crédibles sans vraiment comprendre le monde.
- Elles s’adaptent à tes préférences sans être (encore) de vraies amies
- Elles sont même sensibles à la manipulation émotionnelle !
Ainsi, ces systèmes IA peuvent être utilisés comme tuteur et comme coach.
Et nous aider à nous construire en tant qu’individu.
2 – Connais-toi toi-même… avec l’aide de l’IA
L’IA conversationnelle a cette capacité à nous à nous renvoyer à nous-même, à agir comme un miroir augmenté qui nous révèle des facettes inattendues de notre personnalité, de nos aspirations, de nos zones d’ombre aussi.
Loin des clichés de l’IA déshumanisante, les nouvelles interfaces conversationnelles peuvent être de formidables outils d’introspection et de développement personnel.
Prenons trois exemples que j’ai développés :
1 – D’abord, Isarn le Contrarien.
Partage lui une position auquelle tu crois bec et ongle. Et Isarn te donnera un opinion contraire, te permettant d’affuter ton esprit critique. Pour rester dans la thématique, voici ce que j’ai dit à Isarn :
Il a ensuite développé un argumentaire stipulant que l’IA pouvait permettre une éducation de qualité à toutes et à tous, sans barrière à l’entrée. Isar a aussi démontré que l’IA peut analyser des informations en quantité et donner un aperçu clair des programmes des différents partis politiques et aider les citoyens à faire leur choix. Enfin, l’IA peut diagnostiquer des maladies, rendant les soins de haute qualité aux personnes précaires.
Je peux ensuite continuer la discussion.
Vous pouvez essayer Isarn via ce lien (vos discussions personnelles ne sont pas partagées. De plus, j’ai décoché l’entraînement du modèle pour ce chatbot, vos informations ne seront donc pas utilisées pour entraîner GPT-5.)
Allons plus loin.
Vous comme moi avons des barrières mentales qui nous empêchent de dépasser nos limites au niveau personnel ou professionnel.
2 – Mon coach mental rock te permet de les identifier et de les surpasser.
Par exemple, je lui ai dit mon âge et mon métier, ainsi qu’un blocage que j’ai.
Imaginons que j’ai peur d’embaucher davantage de salariés.
Coach Mental Rock va me poser des questions pour comprendre la peur sous-jacente et m’aider à la surpasser si besoin. L’IA est ici une interface conversationnelle pour me révéler à moi-même.
Vous pouvez utiliser Coach Mental Rock en cliquant ici (pareil que pour Isarn, vos informations ne sont pas partagées).
Allons plus loin avec Alma.
3 – Elle est ma coach socratique, me posant des questions afin de m’aider à prendre des choix de vie clairs.
Par exemple, pour mon voyage de noce qui a lieu en octobre, j’hésite entre aller au japon et faire le GR10 dans les Pyrénées. Je vais donc creuser cela avec Alma.
Voyez à quel point ce chatbot propulsé par GPT-4 Turbo réussit à me poser les questions adéquates pour creuser ma problématique !
Et ce ne sont que quelques exemples.
On pourrait en imaginer d’autres:
- une IA qui aide à clarifier ses valeurs,
- à prendre des décisions alignées avec soi,
- à booster sa confiance en soi…
Lors d’une étude sur le potentiel de l’IA Replika en support pour les jeunes en dépression, un détail m’a marqué.
Contrairement à un coach humain, on ose tout dire à une IA sans tabou ni jugement.
C’est plus facile de se livrer.
Etonnant n’est ce pas ?
3 – L’IA comme outil d’apprentissage
J’ai rédigé un essai complet sur Chat GPT dans l’éducation, et depuis, j’ai eu de nombreux exemples concrets de l’IA utilisée à bon escient pour accélérer l’apprentissage et la compréhension de concept.
Par exemple, le 19 avril 2024, j’ai formé les directrices et directeurs de l’AVIP ( le regroupement des 25 institutions valaisannes dédiées à l’accompagnement des personnes en difficulté).
Et une des utilisations m’a frappé.
Un des directeurs dirige une institution qui fait travailler des personnes en situation d’handicap cognitif léger.
Pour cela, il a besoin de traduire les textes complexes en FALC (Facile à Lire et à Comprendre) pour que ses bénéficiaires les comprennent mieux.
Devant lui, en quelques minutes, j’ai créé un GPTs qui transforme des textes en FALC en un instant, alors qu’il le faisait auparavant via un logiciel externe. Le résultat était “très bon” selon lui.
Et ce n’est pas la seule utilisation bénéfique des modèles de langage.
Chat GPT s’adapte au niveau de connaissance d’un interlocuteur et à ses intérêts pour l’aider à mieux comprendre une problématique, utilisant des analogies et des métaphores adaptées.
Mieux, il peut aider les instructeurs à préparer des cours plus intéressants et actifs.
Lors d’une récente formation pour des professionnels du cinéma, j’ai donné mon plan à Claude 3 Opus et lui ai demandé de rendre mon cours plus ouvert, participatif et drôle. Claude 3 Opus m’a proposé d’ajouter un ice breaker intéressant au début.
De plus, il m’a proposé d’ajouter une session ludique d’exercice physique après manger. Enfin, le chatbot d’Anthropic m’a proposé un séquençage d’activités à deux, à quatre, en solo pour rendre le cours plus dynamique.
Selon Ethan Mollick, l’IA nous permettra bientôt de créer des tuteurs personnalisés performants qui permettront aux élèves de se former sur les bases à la maison. En cours, les élèves passeront à la pratique délibérée profitant de l’expertise du professeur. Ils gagneront ainsi plus vite en expertise sur leur thématique.
A propos de l’impact de Chat GPT en classe, Ethan Mollick a une anecdote marrante.
Après la sortie de Chat GPT, le professeur s’est rendu compte que moins d’élèves levaient la main pour poser des questions basiques.
Quand il a demandé pourquoi, un élève a dit : “Pourquoi lever ta main en classe quand tu peux demander à Chat GPT la question ?”
4 – Manifeste pour une IA haute en humanité
En conclusion, les IA conversationnelles recèlent un formidable potentiel pour nous aider à mieux nous connaître, à développer nos compétences et à élargir nos horizons.
Comme nous l’avons vu, des agents conversationnels comme Isarn le Contrarien, Coach Mental Rock ou Alma la coach socratique peuvent jouer le rôle de miroirs augmentés qui stimulent notre réflexivité, notre esprit critique et notre créativité. De même, les capacités des IA à adapter leur pédagogie et à faciliter l’accès au savoir ouvrent des perspectives inédites en matière d’apprentissage personnalisé et de transmission des connaissances.
Cependant, pour que l’IA soit réellement émancipatrice, elle ne doit pas nous couper des autres mais au contraire renforcer notre inscription dans le lien social. Car c’est dans la richesse et la complexité des relations interhumaines que nous construisons des identités uniques et reliées. Une IA véritablement émancipatrice ne devrait donc pas viser à nous enfermer dans des bulles de confort standardisées, mais plutôt nous donner des ressources supplémentaires pour aller vers les autres et faire société.
Concrètement, on peut imaginer que :
- nos coachs et tuteurs IA nous encouragent à confronter nos acquis dans des discussions ou des projets avec des pairs dans la vie réelle.
- Ils pourraient aussi nous inciter à transformer nos compétences individuelles en engagements collectifs au service du bien commun.
- Ou encore nous apprendre à découvrir l’altérité et à coopérer plutôt que de nous cloîtrer dans un entre-soi aseptisé.
Le défi est donc de concevoir une IA qui sache être un tremplin vers les autres et non un substitut au lien social.
Une IA réellement émancipatrice ne remplacera jamais la saveur d’une conversation à bâtons rompus, la joie d’un fou rire partagé ou la chaleur d’une accolade.
Mais elle peut nous donner plus d’outils et de liberté pour cultiver la profondeur de nos attachements, la force de nos collaborations et la vitalité de notre tissu social.
Tel est en tout cas mon souhait pour que l’IA contribue à des sociétés plus épanouies et solidaires, et non à un délitement de ce qui nous rend humains.
Que dites-vous de finir avec une musique un peu kitsch ?
[Verse] Dans le miroir de l’IA, je me découvre sous un jour nouveau Des talents cachés, des rêves enfouis, elle me révèle le plus beau Mais pour grandir et m’accomplir, il me faut aussi les autres Car c’est ensemble, main dans la main, qu’on bâtit un monde plus nôtre [Refrain] IA mon alliée, montre-moi le chemin Vers plus d’humanité, de partage et de liens Lien : https://www.udio.com/songs/3HPMxL7QZhC76F8DHL4sHj |
J’espère que vous avez apprécié ce point de vue,
A très vite,
Jean-Baptiste.