L’IA générative est-elle un progrès pour l’humanité ?

Je n’avais pas le courage de me confronter à cette question jusqu’à la semaine passée. 

Puis j’ai lu une phrase du philosophe Dany Robert Dufour qui m’a fait l’effet d’une bombe « Il faut {…} sortir de la notion de progrès telle que l’Occident l’a imposée au reste du monde, il est nullement réductible aux avancées de la technique, le progrès c’est aussi le souci de la pérennité du monde, de l’autre, des autres, de l’art. »

Ainsi, le progrès ne se résume pas au progrès technologique et technique.

Elle va plus loin.

Mais qu’est ce que le progrès au juste ? 

Selon Rabelais, le progrès vient du progressus qui signifie « action vers le mieux« .

Montaigne, quant à lui, confère au mot progrès le sens d’une transformation graduelle « vers le mieux », avec une connotation morale.

Aujourd’hui, le progrès combine le progrès moral, social et environnemental, scientifique, technique, spirituel et économique.

Mindmap sur le progrès de l'ia générative

Et dans cet essai, je vous propose d’aller étudier si l’IA générative est un progrès en étudiant ces six aspects.

Pour faciliter la réponse à cette question, j’ai décidé de raisonner par la négative : « En quoi l’IA générative est un recul pour l’humanité ?« 

Voici le programme : 

1 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan moral ?

  • Un progrès moral au niveau de la vie privée et de l’autonomie ?
  • Un progrès moral au niveau de l’authenticité et de la vérité ?
  • Un progrès moral au niveau de la responsabilité ?
  • Un progrès moral sur le long terme ?
  • Conclusion sur le progrès moral

2 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan social et environnemental ?

  • Fluidifier ou robotiser les intéractions sociales ?
  • Les IA pour lutter contre l’isolement ? La solution est controversée.
  • Bientôt davantage de loisirs pour tous ?
  • L’IA générative ne sera pas un recul social si la société protège les plus fragiles.
  • L’impact environnemental de l’IA, un vrai problème.
  • Bien se former sera essentiel.
  • Un danger pour la culture française ?
  • Conclusion sur le progrès social et environnemental

3 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan scientifique ?

  • L’IAG fait-elle reculer l’innovation et originalité en science ?
  • L’IAG fait-elle reculer la fiabilité et reproductibilité en science ?
  • L’IAG fait-elle reculer notre compréhension de la science ?
  • L’IA n’est pas ni recul ni un progrès scientifique

4 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan technique ?

  • Les nouveaux processus de travail créés par l’IA
  • Est-ce que les gains de l’outil IA en justifient le coût ?
  • L’IA générative une avancée technique considérable

5 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan spirituel ?

  • IA et transhumanisme
  • L’IA peut-elle nous aider dans notre quête de sens ?
  • L’IA générative peut-elle nous dans la création spirituelle ?
  • Allons-être moins connectés entre nous à cause de l’IA ?
  • L’IA générative ne va pas faire reculer la spiritualité

6 – L’IA générative est-elle un recul sur le plan économique ?

  • L’IA amplifie l’innovation et fait bouillir le marché
  • L’IA va-t-elle détruire plus d’emplois qu’elle va en créer ?
  • Il faut former en masse.
  • Quid de la distribution des richesses ?
  • Comment l’IA générative va influencer les groupes économiques ?
  • L’IA générative est-elle un progrès économique ?

7 – Alors l’IA générative est-elle un progrès pour l’humanité ?

  • Le point de vue de Claude 2 :  l’IA générative est-elle un progrès pour l’humanité ?

Je vous propose de commencer par le plan moral.

L’IA générative est-elle un recul sur le plan moral ?

Aujourd’hui, l’IA générative est principalement utilisée dans le monde du travail (Chat GPT) pour accélérer les tâches comme la rédaction d’e-mails, les offres d’emploi et l’aide au raisonnement. Elle est un outil plutôt neutre qui peut être utilisé à bon ou mauvais escient. 

Image générée par Midjourney

Certaines personnes mal intentionnées pourraient l’utiliser pour créer des emails de phishing bien rédigé et créer du code malveillant. Mais certaines autres peuvent l’utiliser pour créer des associations caritatives et communiquer plus efficacement.

Sous l’aspect de l’usage, l’IA générative ne fait ni avancer ni reculer les individus au point de vue moral. 

Maintenant, sur les conséquences non intentionnelles, Sam Altman a déclaré faire un test en libérant « l’entité » Chat GPT dans le monde afin de savoir comment les gens réagiraient. 

Ce qu’on peut dire, c’est que ça bouleverse les forces en présence, car l’IA automatise le travail de la pensée. Autrement dit, les cols blancs ne sont plus à l’abri avec leur diplôme. C’est la première fois qu’une innovation technologique touche cette « classe supérieure de sachant« , et ce sont selon Julien Aubert « les piliers de la démocratie occidental ». Je ne vois pas d’un mauvais œil le fait de donner un coup de pied dans la fourmilière car je suis plutôt « innovateur et adaptable » en profil de personnalité. Mais ce dont je suis certain, c’est que ce bouleversement n’est ni un recul ni une avancée. L’IA générative provoque simplement du mouvement qui va modifier l’équilibre des forces dans la société.

Aussi, l’IA est nourrie par nos données humaines. A ce titre, elle reproduit nos biais : stéréotypes, préjugés et inégalités. Il suffit de voir comment Midjourney produit des biais d’âgisme et de sexisme, des biais raciaux, le classicisme et le conservatisme. L’IA générative ne nous rend donc pas meilleur moralement, à part si on lui demande de manière proactive et qu’on cherche à se remettre en question.

Ensuite, au niveau de l’accessibilité et de l’équité : les gens ne le savent pas, mais tout le monde peut avoir accès à GPT-4 sur Bing en mode créatif. En soit, il n’y pas d’inégalités dans l’accès à l’IA. Avec Chat GPT, j’ai accès aux plugins et à advanced data analysis (ex-code interpreter) mais en eux même, ils ne donnent pas d’avantages énormes. Par contre, il est certain que les « gens normaux » comme nous profitent moins de cette technologie que ceux qui la créent dans la Silicon Valley, et l’Europe aujourd’hui, en profite moins que les américains et les chinois qui ont leurs champions. Je vois néanmoins des efforts à Paris avec Mistral Ai et les investissements de Xavier Niel pour amener des entrepreneurs de l’IA en France. Le gouvernement français développe aussi sa propre IA générative Albert pour les communes. Il y a néanmoins des laissés pour compte, ceux qui n’ont pas accès à internet, à un ordinateur, ou ceux qui ne savent pas utiliser ces nouveaux outils.

Un progrès moral au niveau de la vie privée et de l’autonomie ?

Chat GPT permet aux individus de poser des questions et d’obtenir directement les réponses, de manière simple et rapide. L’outil ne favorise pas le questionnement individuel et l’individuation. De plus, si l’option « Historique de chat et formation » n’est pas désactivée, alors l’utilisateur nourrit la machine de ses questions et l’entraîne sans être payé en retour. En utilisant Chat GPT, nous entraînons une machine avec nos données privées sans obtenir de compensation.  Bien que ces informations personnelles soient exploitées avec notre consentement juridique (mais pas vraiment conscient), Chat GPT est un recul sur le plan de l’autonomisation et de la vie privée.

Un progrès moral au niveau de l’authenticité et de la vérité ?

L’IA compromet notre capacité à discerner le vrai et le faux. Pour commencer, elle est biaisée par ses données de formation – majoritairement des données anglaises pour Chat GPT. Ainsi Chat GPT partagera des théories plus anglo-saxonnes que francophones, nous donnant une perspective biaisée.

Ensuite, l’IA est biaisée par ses formateurs, qui lui ont dicté – selon des règles précises – ce qu’était une bonne réponse et une mauvaise réponse. Ainsi, on peut extrapoler en disant que Chat GPT est plutôt « démocrate américain », car Sam Altman son PDG est ouvertement démocrate américain. 

Enfin et c’est le plus dérangeant peut être, Chat GPT prédit uniquement la réponse la plus cohérente à une instruction texte donnée (le prompt), sans avoir conscience du sens.

Mon article : Comment fonctionne Chat GPT ? peut vous aider à approfondir.

L’IA ne discerne pas elle-même le vrai du faux, c’est à nous de le faire, mais comme elle est si sûre d’elle-même et qu’elle répond si bien, alors elle va plutôt compromettre notre capacité de discernement. Attention à ne pas la prendre comme un oracle ou un super moteur de recherche

Pour prendre du recul sur les réponses de l’IA, il faut un sacré esprit critique dont on manque de plus en plus aujourd’hui, car le monde est complexe.

Si on s’éloigne de Chat GPT pour aller voir du côté de Midjourney, Dall E 3 et les IA génératives d’images, on se rend compte que ces IA sont des amplificateurs de l’inauthenticité. Une personne comme tout le monde a réussi à créer une photo du pape en doudoune qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, entraînant une forme de désinformation accélérée.

Photo de Midjourney "deepfake"

Les IA génératives d’images, qui facilitent à la création de « deepfake » affecte notre compréhension de la réalité, ce qui n’est clairement pas un progrès moral.

Un progrès moral au niveau de la responsabilité ?

La personne qui produit des résultats nocifs et trompeur est normalement responsable de sa création. 

Les conditions générales des applications IA le mentionnent. 

Sauf que, la législation actuelle n’est pas armée pour pénaliser ce genre d’action. 

Prenons un exemple concret. 
Dans le podcast que j’ai tourné avec mon ami Mickael, nous avons mentionné les AI influenceurs.

L’Etat a fait passer une loi pour protéger les consommateurs contre les produits « dropshipping » nocifs vantés par les influenceurs. Ils peuvent désormais pénaliser les influenceurs. 

Mais quand une personne crée un influenceur virtuel, qui vante des produits, qui est responsable ? 

Pour qu’il n’y ait pas de recul moral, une loi devrait vite être créée pour pénaliser les personnes qui produisent du contenu nocif avec l’IA.

Un progrès moral sur le long terme ?

Les jeunes passent 2h sur character.ai, l’application IA qui a la meilleure rétention. 

Il s’agit de parler avec des personnages fictifs pour « s’amuser ». 

De plus, des IA émotionnelles comme Pi d’Inflection ou Replika ont du succès. 

L’idée est de créer des compagnons virtuels

Et des personnes tissent déjà des liens avec ces compagnons. Vous pouvez lire à ce sujet cet article de Slate

Article de Slate : Privés d'amants numériques, les usagers de Replika ont le coeur brisé

Ce type d’application ne va pas favoriser les relations entre humains en chair et en os, mais va plutôt – selon moi – nous enfermer davantage dans une camisole numérique. 

Moi qui aime tant les relations, 

Qui aime tant la présence « charnelle » des autres dans une pièce (il y a une énergie particulière) 

Et qui aimerait tant que personne ne se retrouve seul

Alors ces IA ne me semblent pas être un progrès moral.

Ceci dit, les IA génératives permettent à chacune et chacun de s’exprimer artistiquement en rédigeant des poèmes, des images et des vidéos plus facilement. Je trouve que c’est un fabuleux terrain d’expression artistique. 

Si ces IA sont utilisées pour exprimer son individualité et sa différence au monde, sous la forme de beau, alors je suis tout à fait pour, et je pense que c’est un progrès moral. 

Les créations par IA font déjà parti de la pop culture comme celle dharry potter balenciaga ou le tube de drake made by ai.

De plus, si Chat GPT est utilisé comme Tuteur personnalisé pour aider les enfants à apprendre mieux plus vite, et surtout à se découvrir soi même, alors l’IA peut permettre un progrès moral. 

Si c’est seulement un outil pour faire ses devoirs plus vite et pouvoir regarder des vidéos de chat sur Tiktok, alors ça l’est moins.

Conclusion sur le progrès moral 

Pour conclure, l’IA générative – telle qu’elle est conçue aujourd’hui – me semble être davantage un recul sur le plan moral qu’une avancée.

Voici les améliorations à prévoir pour une IA qui fait grandir l’humanité moralement :

créer des IA qui développent les compétences relationnelles des individus dans le but affiché est de se connecter avec des personnes réelles

créer une législation qui pénalisent les contenus trompeurs et malveillants

– développer l’esprit critique des citoyens et leur dire expressément que Chat GPT n’est pas un oracle ayant la vérité

créer des applications IA qui favorise la connaissance de soi et l’individuation, sans mécanisme de rétention

Créer un système de rémunération pour les données privées qui sont données à Chat GPT

– favoriser les usages d’expression artistique de l’IA

– créer une politique nationale d’éducation à l’utilisation des IA génératives avec les principales erreurs à ne pas commettre

L’IA générative est-elle un recul sur le plan social et environnemental ?

Chat GPT consommation énergétique

Pour répondre à cette question, on peut se demander si l’IA générative provoque  un déclin du bien être et des conditions de vie.

Un baromètre sur la santé psychologique des salariés réalisé par OpinionWay révèle que 44 % des salariés seraient en situation de détresse psychologique. 

La faute – en partie à des tâches ennuyeuses et répétitives.

Les travailleurs en font 10h en moyenne selon Ethan Mollick. 

Or – Chat GPT est doué pour accélérer ces tâches : email, powerpoint, rapport inutile. 

Ainsi, bien utilisée – Chat GPT est une véritable machine à tuer l’ennui, qui permet une augmentation du bien être des travailleurs. Mon article sur l’automatisation des tâches avec l’IA vous plaira.

Fluidifier ou robotiser les intéractions sociales ?

Dans le milieu professionnel, Chat GPT fluidifie et robotise les intéractions sociales.

Comme me disait une directrice RH que j’ai formée « Chat GPT m’aide à enlever le passif agressif de mes emails« , ce qui est une bonne chose. 

Un patron me disait aussi que Chat GPT pourrait largement améliorer ses relations avec ses fournisseurs. Il justifiait son propos en disant “Mes employés ne sont pas très doués en communication non violente, car il leur manque du temps”. 

Mais Chat GPT peut robotiser les intéractions sociales. En formation, des personnes ont critiqué la réponse aux emails avec Chat GPT en disant « Bientôt, un robot répondra à un robot ». C’est vrai aussi.

Si Chat GPT fluidifie les échanges d’email, fluidifie t’il les relations réelles en entreprise ?

Comme Chat GPT diminue les frustrations par email, peut être qu’il crée moins de ressentiment dans la vie réelle et donc fluidifie globalement les relations en entreprise.

Ainsi, pour cette utilisation précise, Chat GPT serait un progrès social.

Les IA pour lutter contre l’isolement ? La solution est controversée. 

Sept millions de Français (soit 13% de la population) souffrent d’isolement. 

Un constat inquiétant, dévoilé par l’Observatoire de la philanthropie dans son étude Solitudes 2019. 

Les IA émotionnelles comme Pi d’Inflection pourraient offrir des amitiés incomplètes mais utiles pour les personnes souffrant de la solitude. 

Il s’agit pour moi d’une béquille pour un problème qui devrait être résolu autrement, un problème dont la cause est – en partie – dans un système de plus en plus individualiste empreint de technologie captant notre attention.  

Gare cependant aux revers de la médaille avec ces outils émotionnels. 

Comme je l’ai mentionné plus haut, Replika permet aux utilisateurs d’échanger des messages et selfies érotiques avec un chatbot « petit copain, petite copine » qu’ils ont choisi eux même pour répondre à leurs goûts. 

Ce chatbot est donc “parfaitement” comme ils le souhaitent, et va souvent dans leur sens. 

Sauf qu’une vraie relation charnelle ne peut être faite qu’avec un être charnel imparfait, et l’IA ne sera jamais humaine, même si elle en a l’apparence. 

Quand Replika a enlevé les fonctions érotiques, des utilisateurs sont tombés dans une détresse émotionnelle profonde, alors même que la promesse était de les sortir de cette détresse. Le sujet est éminemment complexe et mon parti pris est que je préférerai que chacun ait un partenaire humain charnel avec lequel vivre une relation harmonieuse. Ce qui est évidemment difficile.

Au niveau de l’isolement et des relations, l’IA me semble avoir un impact neutre, qui dépend de l’éthique personnelle de chacun. 

Bientôt davantage de loisirs pour tous ? 

Le PDG de Goldman Sachs affirme : « Vos enfants vivront 100 ans et n’auront plus de cancer grâce à la technologie et ils travaillerons probablement 3 jours et demi par semaine. ». 

En dehors du fait qu’on en sait rien, on peut penser que l’augmentation de la productivité permettra à chacun de travailler moins. 

Et ça peut être un progrès social, si nous pouvons manger, avoir un toit, développer des amitiés en travaillant moins. 

Malheureusement, il me semble que ce temps libre supplémentaire sera comblé majoritairement par la consommation de biens et d’objets et de séries Netlfix. 

Par exemple : selon une étude Hobby One réalisée par Vertigo Research, les Français passent plus de 60% de leur temps libre devant les écrans.

Pourquoi cela diminuerait ?

Sur le même sujet, l’IA augmente déjà la productivité, 14% en moyenne selon une étude de MIT Stanford. 

Pourquoi ne travaillons-nous pas moins alors ? 

La vérité est qu’on travaille au moins toujours autant pour créer davantage de richesses, qui est inégalement répartie. En France, les 5% et 1% des ménages les mieux dotés détiennent respectivement 34% et 15% du patrimoine total de l’ensemble des ménages. Cette répartition des richesses est globalement stable par rapport à 2018. 

L’IA générative ne sera pas un recul social si la société protège les plus fragiles.

Onclusive, une société basée à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, va se séparer de 217 salariés sur les 383 employés de cette entreprise spécialisée dans la veille médiatique. Des emplois et des secteurs vont davantage être touchés par l’IA générative et des mesures de formation et de reclassement doivent être prévues pour éviter un déclassement social de ces personnes plus fragiles.

Autrement dit, les personnes fragiles ne sont plus uniquement les non diplômés, les personnes en situation de handicap, les minorités.

Désormais, des cadres peuvent aussi être touchés par les technologies d’IA générative.

L’impact environnemental de l’IA, un vrai problème. 

L’IA pollue. 

L’expert sur le climat Tommy Catherine se questionne sur l’intérêt d’un tel outil. 

“Malgré les performances fascinantes de ChatGPT, il est légitime de se demander si le jeu en vaut la chandelle sur le plan environnemental.”

Un litre d’eau est utilisé toutes les 100 requêtes environ selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Californie et du Texas. 

De plus, selon une récente étude menée par la plateforme Greenly, l’empreinte environnementale de ChatGPT3 serait équivalente à 136 allers-retours en avion entre Paris et New York par an. 

Enfin, Mira Murati, la CTO d’Open AI dit travailler à mettre la puissance de l’IA pour le bénéfice de l’humanité. Elle inclut la lutte contre les inégalités et la lutte contre le changement climatique. Même si la lutte contre le changement climatique par le progrès technologique est qu’une des facettes de la solution, il est tout de même bon de noter qu’Open AI se soucie de ce problème. 

Ceci dit, avec Chat GPT, nous restons dans le même système économique à la recherche de la productivité et de la croissance, ce qui provoque inévitablement une extraction de ressources. Ce recul est à équilibrer avec les bénéfices substantiels qu’une telle intelligence pourrait nous donner. 

Bien se former sera essentiel.

Dans la première partie sur le progrès moral, nous avons vu comment l’IA automatise le travail de l’esprit, redistribuant les rôles dans la société. 

Les cols blancs ne sont plus hégémoniques car leur travail est touché.

Les compétences nécessaires pour prospèrer désormais changent. 

Appoline Guillot, philosophe dit la chose suivante : 

“L’avenir ne verra pas les designers remplacés par l’IA, mais ils devront apprendre à dialoguer avec elle. La valeur ajoutée du travailleur ne résidera plus uniquement dans son expertise, mais aussi dans sa capacité à communiquer efficacement avec la machine.” 

Autrement dit, le travail sera hybride.

Je pense aussi qu’il faudra développer une forte culture générale pour savoir poser les bonnes questions à l’IA, développer une forte adaptabilité dans un monde qui change de plus en plus vite, et développer sa singularité pour créer son propre chemin. 

Ce sont des compétences qui ne me semblent pas assez enseignées – du moins jusqu’au lycée. 

L’école française devrait très rapidement montrer les limites des outils IA en se montrant pragmatique quant à leur potentiel pour faire évoluer le modèle éducatif avec la technologie. 

Je rêve d’un système éducatif à la carte comme l’a fait mon école d’ingénieur l’UTC. Il y a un tronc commun obligatoire puis les élèves choisissent ensuite les matières dans lesquelles ils ont envie de progresser pour développer une vision singulière de la vie.

Un danger pour la culture française ?

Il me semble urgent de développer un ChatGPT français car les données de formation de Chat GPT sont majoritairement anglaises lui donnant un biais anglo saxon. 

Si nous ne voulons pas d’une génération biberonnée à la culture anglo-saxonne, alors l’urgence est là. 

Nous risquons de perdre notre singularité intellectuelle. 

Car l’IA homogénéise les identités culturelles.

Conclusion sur le progrès social et environnemental,

Pour un progrès sur le plan social et environnemental, il faut veiller à :

– favoriser une utilisation de l’IA pour les tâches à faible valeur ajoutée pour les individus et par les pousser à utiliser l’IA pour des tâches porteuses de sens pour eux

– créer d’urgence un chat gpt français pour ne pas homogénéiser notre pensée à l’anglo saxonne

– réfléchir rapidement à une politique de soutien aux employés qui vont être touchés de plein fouet par la révolution de l’IA générative comme ceux d’Onclusive

– limiter un maximum l’impact environnemental des IA génératives (consommation d’eau et d’énergie, impact du CO2 )

– Repenser le modèle économique pour permettre aux individus de travailler moins grâce aux bénéfices économiques de l’IA MAIS pousser des utilisations de ce temps libre permettant aux personnes de devenir soi même plutôt que d’être guidés par des algorithmes, des publicités ou Netlflix

– A défaut d’une vraie politique de lutte contre l’isolement en France, proposer des campagnons chat bot aux personnes en détresse psychologique, sans provoquer de dépendance affective

– Poser un cadre quant à l’utilisation des chatbots émotionnels érotiques, pour veiller à limiter l’impact nocif sur la psychologie de ses utilisateurs.

L’IA générative est-elle un recul sur le plan scientifique ?

Chat GPT et la science

Un scientifique suit des règles précises et objectives pour étudier et comprendre le monde. 

La science représente l’ensemble des connaissances et vise à expliquer et prévoir les phénomènes de manière vérifiable. 

La technique précède la science.

La question est donc de savoir si l’IA générative va nous empêcher de construire les connaissances et de prévoir les phénomènes de manière rigoureuse.

L’IAG fait-elle reculer l’innovation et originalité en science ?

Chat GPT a été nourri de quantité astronomique de données textuelles, et bien qu’il ne comprenne pas les concepts comme celui du chat, il peut créer des liens entre des mots et des phrases comme nous ne pourrions pas le faire en tant qu’humain.

De cette nouvelle manière de comprendre les données textes, à travers des tokens, pourrait naître de nouvelles compréhensions du monde.  

Chat GPT est une « entité » comme le dirait Ethan Mollick. 

Celle ci n’est pas un logiciel, ce n’est pas vraiment qu’un chatbot, et même s’il vise à reproduire le fonctionnement de notre cerveau, Chat GPT n’est pas comme un humain. 

Ainsi, nous avons désormais comme co-pilote un truc bizarre avec lequel il faut apprendre à fonctionner, avec ses avantages et ses inconvénients (hallucinations)

Les hallucinations sont très désavantageuses pour la rigueur scientifique. Chat GPT peut créer des statistiques et des faits, ce qui est contraire à la rigueur scientifique. 

Ceci dit, ces hallucinations  peuvent s’avérer utiles pour l’idéation. J’avais rédigé un article complet sur Dream GPT, qui utilise les hallucinations pour créer des idées divergentes.  

De plus, l’IA générative crée toujours du neuf

Dans mes formations, on me pose toujours la question : « Si chacun rédige le même prompt, l’IA rédige-t-elle la même réponse ? « 

La réponse est non. 

Chat GPT crée toujours un texte différent, même si le sens global reste le même. 

L’IAG fait-elle reculer la fiabilité et reproductibilité en science ?

Il y a déjà des chercheurs qui utilisent l’IA pour rédiger leurs études scientifiques. 

Si on extrapole dans 20 à 30 ans, il est probable que plus personne n’écrive dans le milieu professionnel car l’IA rédigera à notre place. Il est si tentant à Chat GPT de dire d’écrire à sa place. 

Je lisais un article du célèbre fond d’investissement américain Sequoia Capital dans lequel l’auteur disait 

“Chat GPT a trouvé un adéquation produit marché (product market fit) avec les…étudiants”

En effet, ceux – ci font leurs devoirs – rédaction, dissertation – avec Chat GPT. Je ne veux pas faire le vieux con, mais il me semble que l’écriture est importante pour intégrer les connaissances, et peut être construire une réflexion scientifique. 

Même si je pense que nous saurons toujours lire et écrire, comme nous savons toujours calculer et compter malgré l’existence la calculatrice, je me demande si « moins » écrire ne compromettra pas la rigueur scientifique. Après tout, j’ai toujours le réflexe d’utiliser la calculatrice. J’ai délégué ce travail entier à la machine. 

Mais ne soyons pas si pessimistes. 

En réalité, en apprenant à bien utiliser Chat GPT comme entité, et en utlisant l’IA comme assistant qui synthétise des études scientifiques, et rédige davantage d’études, l’IA générative pourrait provoquer une nouvelle renaissance. Accélérant les innovations scientifiques de manière sans précédent.

Les scientifiques devraient se servir de l’IA pour faire des recherches plus rapidement dans un ensemble d’études (c’est possible en créant des LLMs personnalisés ou en faisant de l’embedding), puis en rédigeant plus vite le résultat de leurs travaux. 

Le reste des tâches : méthodologie, réflexion profonde devrait être conservée par le scientifique.

L’IAG fait-elle reculer notre compréhension de la science ? 

Chat GPT est basé sur un modèle GPT, basé lui même sur l’architecture d’un Transformer, une architecture utilisant le Deep Learning.

Dans le deep learning, la machine absorbe des quantités de données, elle les digère à sa manière, avec plus ou moins de contrôles et d’ajustements, de la main de l’homme, puis elle aboutit à une conclusion suivant un cheminement que personne ne saurait reconstituer en détail.

Ainsi, quand on rédige un prompt, on ne peut pas décoder le chemin logique qui amène à la réponse de Chat GPT.

Chat GPT peut donc produire des résultats scientifiques intéressants, mais nous sommes aujourd’hui en incapacité de comprendre son raisonnement et donc de le vérifier. Il pourrait alors faire des corrélations fascinantes mais non vérifiables.

L’IA n’est pas ni recul ni un progrès scientifique

En résumé, l’IA générative – bien utilisée –  ne me semble pas être une régression scientifique.

Il est important de l’utiliser comme un accélérateur de création de données scientifiques mais pas comme source de données à cause des hallucinations.

Pour que l’IA générative soit utile pour découvrir de nouvelles vérités scientifiques, il faudrait pouvoir retracer le processus logique qu’elle a suivi pour créer un résultat.

Ou alors, il faudrait évaluer la capacité de l’IA générative à créer de nouvelles hypothèses scientifiques et à les tester. 

Peut être que celle ci, à partir d’une question, et d’un raisonnement donné, pourrait découvrir de nouvelles hypothèses, à tester ensuite en condition réelle dans le monde physique.

L’IA générative est-elle un recul sur le plan technique ?

Chat GPT et la technique

La technique est une activité proprement humaine qui se définit comme l’ensemble des procédés utilisés par l’être humain pour transformer la nature par le travail. 

Cette activité proprement humaine repose sur la création de l’objet technique. 

La technique permet alors à l’être humain de maîtriser son environnement.

Chat GPT et les IA génératives sont des outils techniques créés par l’humain à partir des résultats de la science dans le domaine de l’informatique et de l’intelligence artificielle.

Ce sont bien des outils humains qui permettent d’élargir nos capacités d’action comme le ferait le smartphone, un marteau ou même une voiture.

Les nouveaux processus de travail créés par l’IA

Une étude a démontré que l’IA permettait d’accélérer de 40% les tâches rédactionnelles dans le milieu professionnel et de 18% la qualité.

Ainsi, si on compare le processus traditionnel d’écriture VS le processus d’écriture avec l’IA générative, on observe que l’IA générative optimise cette tâche.

Sur la synthèse de document, l’idéation, la traduction, la simplification de concept, on peut – d’après mon expérience terrain – en dire autant.

Ainsi – clairement – pour ces domaines, l’IA est une avancée technique.

De plus, Open AI a mis à disposition les API de GPT-3.5, GPT-4 et Dall E, l’outil de génération d’images, ce qui permet d’intégrer cet outil dans d’autres logiciels, qui sont eux même des outils techniques.

L’IA générative, par ses capacités uniques d’écriture, d’idéation, de synthèse s’intégre facilement dans d’autres systèmes techniques, les rendant plus efficients.

Mais la question intéressante à se poser : 

Est-ce que les gains de l’outil IA en justifient le coût ?

Basons-nous sur des faits. 

L’entraînement du modèle ChatGPT par OpenAI a nécessité un investissement considérable de 12 millions de dollars. Cette dépense s’explique en partie par le coût journalier d’exploitation de l’infrastructure nécessaire, estimé à 700 000 dollars par jour selon l’analyste Dylan Patel de SemiAnalysis.

Les modèles de langage de grande taille, tels que ChatGPT et Google Bard, sont particulièrement énergivores et requièrent d’importantes infrastructures pour leur fonctionnement. Les Data Centers qui les hébergent doivent maintenir une température comprise entre 10 et 25 degrés Celsius. Pour ce faire, des tours de refroidissement sont utilisées, lesquelles consomment approximativement 3 litres d’eau par kilowatt-heure. D’après une recherche conjointe de l’Université du Colorado Riverside et de l’Université de Texas Arlington, l’entraînement de GPT-3 a utilisé à lui seul 700 000 litres d’eau.

Par ailleurs, interagir avec ChatGPT a également un coût environnemental : une conversation moyenne (15 à 25 messages) équivaut à gaspiller 500 millilitres d’eau, soit la contenance d’une grande bouteille.

Sur le plan des émissions de carbone, une étude de Stanford révèle que GPT-3 a généré 502 tonnes de carbone lors de son entraînement, soit l’équivalent des émissions produites par 110 voitures américaines pendant un an. De plus, cette opération a nécessité*1287 gigawatt heures d’énergie.

Enfin, en termes de coûts d’exploitation, un échange avec un LLM comme ChatGPT serait 10 fois plus onéreux qu’une simple recherche par mot-clé, d’après Alphabet et d’autres analystes. Cette évolution technologique pourrait représenter un surcoût de plusieurs milliards pour des entreprises comme Google. Pour être plus précis, Morgan Stanley estime cette hausse à 6 milliards de dollars annuels, tandis que SemiAnalysis avance le chiffre de 3 milliards de dollars.

Ma réponse

“À mesure que les outils utilisant les progrès du traitement du langage naturel font leur chemin dans les entreprises et la société, ils pourraient entraîner une augmentation de 7 % (soit près de 7 000 milliards de dollars) du PIB mondial et augmenter la croissance de la productivité de 1,5 point de pourcentage sur une période de 10 ans” d’après une étude de la banque Goldman Sachs. 

L’apport économique de l’IA justifie clairement son coût.

Si nous raisonnons en terme environnemental et que nous quantifions tous les impacts (carbone, biodiversité, électricité, eau), il est certain que le jeu en vaudrait moins la chandelle.

Mais dans le contexte capitaliste dans lequel nous vivons, l’IA générative est une lampe de génie, un miracle pour l’économie. 

L’IA générative une avancée technique considérable 

En résumé, l’IA générative est une avancée technique considérable. 

Elle a un impact dans tous les secteurs de la société, à tel point qu’on pourrait la comparer à l’invention de l’électricité et de l’imprimerie. 

Pour que ça soit un progrès complet, il faudrait limiter son impact sur la terre (eau, énergie…).

Mais comme toutes les technologies me direz-vous… 

L’IA générative est-elle un recul sur le plan spirituel ?

Chat GPT et spiritualité

La spiritualité a trait à ce qui nous relie avec un être supérieur d’un point de vue religieux. 

D’un point de vue philosophique, elle se rattache à la nature de l’esprit, tout ce qui n’est pas matière. 

Enfin, d’un point de vue actuel et général, la spiritualité désigne également la quête de sens, d’espoir et de libération.

IA et transhumanisme 

Tout d’abord, les pourfendeurs de l’IA sont souvent matérialistes. 

Pour eux, l’esprit serait le résultat d’un processus physique dans le corps

De manière simple, la conscience de soi viendrait de l’activation de signaux électriques dans notre cerveau. Il serait alors possible de coder mathématiquement le cerveau humain et de créer une IA capable d’être consciente.

Les transhumanistes pensent que nous pourrons coder notre conscience et la transférer dans une machine pour vivre éternellement. 

L’homme deviendrait dieu (ce qui est d’ailleurs une sorte de quête mystique et ce qui permet à Dominique Foyer que le transhumanisme est une religion)

Maintenant, posons nous cette question : est-il possible de transférer la conscience ?

Je n’en suis personnellement pas si sûr.

J’écoutais un podcast « Qu’est ce que la conscience? » où le philosophe Charles Pépin interroge Christophe Fauré, psychothérapeute.

Selon Christophe Fauré –  qui s’est renseigné sur les expériences de mort imminente, les expériences de vécu subjectif, le contact avec un défunt, sur ce que racontent des patients en fin de vie – la conscience pourrait être première.

« Elle ne serait alors pas l’expression de l’activité cérébrale mais sa condition de possibilité, la conscience s’exprimerait au travers de cette activité cérébrale sans être produite par le cerveau. Et cela expliquerait aussi que la conscience puisse continuer à exister même quand le cerveau ne fonctionne plus. »

La conscience existerait belle et bien, et serait indépendante de l’activité cérébrale.

La première conséquence est que nous ne pourrions sans doute pas transférer notre conscience dans une machine. Même si notre mémoire vit à jamais, nous serions “mort”, car amputé de notre conscience. L’immortalité serait donc “illusion”. 

Suite à cette réflexion, on peut aussi se demander si le Grand Créateur, la Nature, Dieu accepterait de donner une conscience à un robot non biologique ?

Je n’ai aucune réponse à donner et aucune certitude. 

A vrai dire, la question de savoir si l’IA générative est un recul sur le plan spirituel est énigmatique.

A la fois, la création de l’IA générative s’inscrit dans une démarche scientifique où les humains essayent de coder notre cerveau et notre conscience. Cela implique la négation de la conscience comme principe immatériel donnant la vie. 

Et en même temps, il y a une envie des transhumanistes de nous transformer en dieu immortel, ce qui est une sorte de vision spirituelle de l’avenir de l’homme. 

Ce dont je suis certain, c’est qu’il y a encore beaucoup de mystères autour de la conscience et de notre cerveau humain.

L’IA peut-elle nous aider dans notre quête de sens ?

Maintenant, si on se concentre sur la quête de sens, et la compréhension spirituelle, je peux affirmer la chose suivante : nous pouvons utiliser l’IA pour nous développer spirituellement. 

Il suffit de lui demander de lui donner des instructions pour qu’elle pose de bonnes questions. Ainsi, Chat GPT pourrait être un assistant créant des expériences spirituelles, simplifiant les textes religieux.

Je lisais un article amusant sur une église protestante allemande qui a utilisé un avatar et Chat GPT pour délivrer une prêche de 40 minutes à ses fidèles

Photo d'une église protestante allemande qui a utilisé un avatar et Chat GPT

De plus, une application Text With Jesus a créé le personnage de Jésus avec l’internaute. 

Ainsi, vous voyez que les religions s’emparent de ces outils pour entamer des débats et expérimenter. 

L’IA générative me semble être un outil neutre pour les cultes et les religions. 

L’IA générative peut-elle nous aider dans la création spirituelle ?

La créativité humaine, souvent associée à l’expression spirituelle, est impactée par l’IA générative. 

Je me suis souvenu du coup de déprime que j’ai ressenti la première fois que j’ai vu Chat GPT rédiger. 

Même si la création écrite de Chat GPT est “sans âme”, car elle est le résultat de l’activation de réseaux neuronaux complexes, et bien cette création EXISTE. 

Et des gens apprécient cette création écrite.

 Un article de Wired absolument délicieux montrait bien que les gens appréciaient les histoires générées par IA. 

Celle-ci peut simuler des émotions, créer des histoires qui marchent et qui plaisent.

Comme l’IA permet de créer facilement, je prédis que moins d’écrivains humains seront édités, et donc moins pourront en vivre, ce qui abaissera la création écrite humaine. Pareil pour les graphistes humains vs les IA génératives d’images.

Par contre, l’IA permettra à davantage d’humains de s’exprimer en les utilisant. 

Ainsi, je peux – en tant que non initié – créer un clip de A à Z avec des images, des voix offs, un scénario, à l’aide des outils IA.

Concrètement, nous allons créer par l’intermédiaire de la machine, comme nous créons par l’intermédiaire de notre clavier d’ordinateur ou de notre pinceau.

La machine utilise ses données d’entraînement pour produire un nouveau mix, comme notre cerveau utilise notre vécu personnel pour créer une œuvre nouvelle.

Allons-être moins connectés entre nous à cause de l’IA ? 

Il faut absolument que l’IA ne soit pas aussi addictive que les réseaux sociaux, et que le fait d’avoir un assistant personnel ne nous coupe pas des autres individus.

J’ai peur que Chat GPT et que les IA émotionnelles réduisent les rapports entre être humain, au lieu de les renforcer.

Les réseaux sociaux visaient à connecter les gens, j’ai plutôt l’impression qu’ils les éloignent. Ils nous poussent dans des bulles algorithmiques, nous biaisent à des fins mercantiles pour faire de nous des consommateurs béats, des citoyens en désaccord les uns avec les autres. 

Les IA comme Chat GPT, au final, je ne vois pas trop le danger.

En revanche, je vois le danger avec les IA émotionnelles. 

Si nous sommes davantage attachés à des robots, aurons-nous toujours besoin des autres humains ? Sans doute. Or j’ai l’intuition que les vraies expériences se créent avec d’autres êtres en chair et en os, dotée d’une âme. 

Après, je m’amuse à penser à un robot chamane, prêtre ou guide spirituel pour nous aider à nous connecter avec le divin.

L’IA générative ne va pas faire reculer la spiritualité 

En résumé, l’IA générative ne me paraît pas être une régression spirituelle majeure.

Elle agit comme un outil neutre, qui sera utilisé par les individus pour leur développement spirituel ou non.

L’IA générative est-elle un recul sur le plan économique ?

Chat GPT et économie

Le doute n’est pas permis sur cette réponse. 

L’IA n’est pas un recul économique, et c’est pour ça qu’elle est déployée à grande échelle, sans réelle réflexion des conséquences. 

Regardons ensemble : 

Est-ce que l’IA va augmenter la productivité et l’efficacité ? Oui.

Va t’elle réduire les coûts et optimiser les processus de production ? Oui.

L’IA amplifie l’innovation et fait bouillir le marché 

L’argent afflue dans les entreprises de la generative AI. D’après Sequoia Capital, l’IA générative a déjà connu des débuts plus réussis que le SaaS, avec plus d’un milliard de dollars de revenus provenant uniquement des startups (il a fallu des années au marché SaaS, et non des mois, pour atteindre la même ampleur)

Qui dit argent, dit développement rapide, dit concurrence.

Il n’y qu’à voir comment Google s’est mis en alerte rouge juste après la sortie de Chat GPT et comment ils ont sorti Bard le même jour de Bing Chat.

De plus, beaucoup d’éminences grises des grands laboratoires IA de la Sillicon Valley ont créé leur propre entreprise.

On peut par exemple parler de l’entreprise IA française Mistral Ai qui a levé 100 millions.

Les 3 co-fondateurs ont rassuré les investisseurs. Arthur Mensch est un expert des modèles de langage qui a travaillé près de trois ans chez DeepMind, le laboratoire d’IA de Google. Guillaume Lample est quant à lui l’un des créateurs du modèle de langage LLaMA dévoilé par Meta en février dernier et Timothée Lacroix était lui aussi chercheur chez Meta.

Bref, le marché est en ébullition.

Et le ROI purement économique de l’IA pour l’économie est gigantesque.

Néanmoins tout n’est pas rose. 

L’IA va-t-elle détruire plus d’emplois qu’elle va en créer ?

Selon Open AI, 80% des actifs pourraient voir 10% de leurs travaux quotidiens automatisés. Plus inquiétant, 19% des actifs perdraient plus de la moitié de leurs tâches.

Mais les emplois vont être touchés différemment. 

Open AI indique que les emplois impliquant la sociabilité (psychologue, aide-soignant) ou nécessitant des manipulations précises (chirurgien dentaire, barbier, maquilleur, sage-femme) sont les moins exposés.

Cependant, ceux qui présentent de fortes « barrières à l’entrée », comme les diplômes universitaires, ne sont plus à l’abri.

Quant à elle, la banque d’investissement Goldman Sachs estime que 300 millions d’emplois pourraient être perdus ou diminués par cette technologie à croissance rapide. J’ai déjà mentionné le cas de la société Onclusive à Courbevoie dont 217 employés vont se voir remplacer par l’IA. 

MAIS :

Selon une étude du cabinet de conseil PwC portant sur le marché du travail au Royaume-Uni, publiée en 2018, ces technologies vont engendrer autant d’emplois qu’elles vont en détruire. 

Par exemple, l’entreprise Mistral AI recrute en masse après sa levée de fonds.

Il faut former en masse. 

Le véritable enjeu pour les Etats, dans les années à venir, sera de mettre le paquet sur la formation professionnelle pour favoriser les reconversions et les montées en compétences.

Cette dernière étude va dans le sens de celle opérée par Linkedin qui a montré que Chat GPT devenait une vraie compétence à avoir sur son CV.

Le rythme auquel les membres LinkedIn dans le monde ajoutent des compétences en IA à leur profil a presque doublé dernièrement, passant de 7,7% sur la période mai-novembre 2022 à 13% entre novembre 2022 et juin 2023.

De leur côté, les employeurs semblent de plus en plus rechercher des candidats maîtrisant ces technologies. Ainsi, la part des offres d’emploi en anglais mentionnant GPT ou ChatGPT a été multipliée par 21 dans le monde depuis novembre 2022.

Si ça vous intéresse de vous former, contactez moi pour une formation.

Quid de la distribution des richesses ?

Je ne suis pas économiste mais il me semble que les revenus de l’IA reviendront davantage aux GAFAM et aux BATX (équivalent chinois) qu’aux européens comme nous. 

Attention cependant à ne pas être trop négatif.

Le gouvernement français semble avoir compris l’importance de l’IA pour l’économie.

Dans le cadre de la stratégie nationale pour l’IA, il a investi 1.85 milliards d’euros lors de phase 1 (2018-2022), ce qui a permis le développement du super-calculateur Jean Zay, un des 10 plus puissants au monde. 

La phase 2 (2021-2025) est dotée de 1.5 milliards d’euros.

 Le but est de diffuser des technologies d’intelligence artificielle au sein de l’économie et soutenir le développement et l’innovation dans des domaines prioritaires comme l’IA embarquée, l’IA de confiance, l’IA frugale et l’IA générative. 

Nous avons vu au début de cet essai que l’Etat développait Albert, une IA générative pour le service public.

Comment l’IA générative va influencer les groupes économiques ?

En ce qui concerne la mobilité économique et les opportunités des différents groupes économiques, je n’en ai aucune idée. 

J’ai tendance à penser que ça va augmenter la fracture numérique entre des personnes ne comprenant pas l’impact de l’IA qui se retrouveront sur le carreau et d’autres qui en bénéficieront complètement.

Ceci dit, Open AI est une entreprise à but lucratif plafonnée. 

Cela signifie qu’au delà d’un certain montant, les bénéfices seront reversés à une fondation dont l’objectif sera – selon Sam Altman – de verser un revenu universel à toutes et à tous. 

J’en doute assez, mais ça vaut la peine d’être mentionné ici.

L’IA générative est-elle un progrès économique ? 

En résumé, l’IA semble être un super-chargeur pour l’économie mondialisé, entraînant une augmentation du PIB de 7% en mars 2023 selon Goldman Sachs.

Les études – notamment celle d’Harvard – montrent un gain de productivité massif pour les travailleurs.

Mais attention. 

Il faudra veiller à ce que les employés soient accompagnés dans leur transition.

Et que l’Europe et la France rattrapent leur retard sur le déploiement des IA génératives. 

Alors l’IA générative est-elle un progrès pour l’humanité ?

Si chaque critère correspond à une note entre -1 et 1, on obtient : 

Selon moi, l’IA est un recul : 

  • sur le plan environnemental : -0,5
  • et moral : -1 

L’IA est neutre du point de vue : 

  • spirituel : 0 
  • social : 0
  • scientifique : 0  

Elle est un progrès : 

  •  technique : 1 
  • et économique : 1 

Total : 0.5. 

L’IA générative est un peu plus un progrès qu’un recul pour la société. 

Ce calcul est purement symbolique et n’a pas de valeur scientifique. 

A la fin de cet essai, je me rends compte à quel point le monde est complexe et à quel point il me manque des grilles de lecture pour comprendre l’ampleur de la révolution que nous vivons.

Ceci dit, je suis plus éclairé sur ma place dans ce monde. 

Je sais que je veux militer – à mon niveau – pour limiter les effets néfastes de cette technologie : 

  • Je vais continuer à former des entreprises et leurs salariés, pour éviter un désastre social.
  • Je vais tenter de pousser pour limiter – à mon petit niveau – les dégâts environnementaux.
  • Je vais mettre en garde contre les hallucinations, les deepfakes. 
  • Je vais pousser des réglementations en faveur de la protection des données privées et pour la réglementation des contenus produits par les avatars virtuels 
  • Je vais pousser l’IA comme “stimulateur du développement personnel et spirituel” 

Et toi ? 

Que retiens-tu de cette lecture ? 

Comment ta posture de l’IA a évolué ? 

A très vite,

JB

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Jean-Baptiste
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